Une transsexuelle est au centre d'un imbroglio juridique quant à son incarcération dans une prison pour hommes ou femmes
Tania Veilleux, une transsexuelle de 43 ans, a été condamnée lundi dernier a 40 mois de prison pour avoir agressé sexuellement une enfant. C'est la deuxième infraction du genre qui remonte à l'époque où elle s'appelait encore Sylvain Veilleux.
En attente de sa peine, elle a été détenue deux mois à la prison Tanguay, une prison provinciale pour femmes, mais a ensuite été transférée au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines, une prison fédérale pour hommes.
C'est que Mme Veilleux est légalement une femme, mais elle possède toujours les organes sexuels d'un homme.
Une présence non-désirée
Line Boucher, une femme qui a été détenue avec Tania Veilleux à la prison Tanguay, dit que sa présence a causé d'importantes tensions qui ont culminé mercredi dernier.
« Moi, j'étais dans le même secteur que cet homme, on nous a barricadées, on nous a enfermées pour calmer un peu la situation. Même à Tanguay, ils nous ont dit, on ne peut pas juger parce que légalement c'est une femme », explique-t-elle.
Des employés de la prison ont confirmé que les femmes avaient été placées en cellule le temps de permettre à Tania Veilleux de se laver et de se changer notamment. Le ministère de la Sécurité publique ne veut pas commenter le cas particulier, mais dans les faits, Québec a traité Tania Veilleux comme une femme.
Toutefois, les services correctionnels du Canada estiment que c'est un homme tant qu'elle n'a pas subi de vaginoplastie. Certains estiment que ce n'est pas sa place d'être gardée avec les hommes, comme l'avocate transgenre Micheline Montreuil. « Si elle a un comportement qui s'apparente davantage aux femmes qu'aux hommes, la mettre dans un établissement carcéral pour hommes, ce n'est pas brillant du tout. Elle va sûrement se faire harceler », explique Mme Montreuil.
L'opération peut-être pour bientôt
Tania Veilleux a affirmé devant le tribunal qu'elle avait reçu le feu vert de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) pour subir une vaginoplastie.
« Il faut que ça soit médicalement requis, et à ce moment, la Régie donne son autorisation qu'une personne peut aller subir cette intervention à l'extérieur du Canada parce que ce n'est pas disponible ni au Québec, ni au Canada », explique Marc Lortie, de la RAMQ.
L'opération est entièrement remboursée par l'État. Selon sa politique, Service Correctionnel Canada doit permettre au détenu de subir l'opération si elle est médicalement requise.
L'avocat de Tania Veilleux, André Boissonneault, explique que sa cliente souffre d'un malaise profond. « C'est un monsieur qui souffre d'une certaine identité, d'une crise d'identité, ce monsieur là, ou cette madame comme on l'appelle, aurait besoin d'être aidé sûrement en thérapie », affirme-t-il.
D'après le reportage de Marie-Maude Denis
Radio Canada